RAVEN SMITH, LA VRAIE BOUFFE ; AUSSI IMPARFAITE QUE LES VRAIES PERSONNES
Portrait par Richard Dowker
Par Raven Smith
Les commentaires acérés sur la culture de Raven Smith, chroniqueur de Vogue, nous ont rendus accros. Alors que nous renonçons à l’uniformité pour célébrer les fruits à noyaux dans toutes leurs imperfections, Raven reprend le fil de l’histoire.
Notre façon de manger a changé. Je ne pourrais pas exactement dire quand, mais quelque chose a fondamentalement transformé nos appétits. Je blâme Internet, qui a brouillé les pistes et joué avec notre faim. Les réseaux sociaux, surtout, qui nous inondent constamment d’ingrédients, de produits et de plats plus sophistiqués les uns que les autres. Le résultat, c’est que nous nous y sommes en quelque sorte désensibilisé·es. Notre appétit - traditionnellement guidé par une sorte d’instinct charnel et biologique - est désormais déclenché par ce défilement incessant de clichés trompeurs. Nous ne cherchons plus tant à nous régaler qu’à être assailli·es par des images du bon goût. Autrement dit, l’esthétique l’a emporté sur la réalité.
Il y a peu, on se fiait encore à nos rassurants livres de cuisine, fiables et éprouvés, et on arpentait les marchés. Désormais, les choses sont devenues certes plus jolies, mais moins naturelles. Moins viscérales, plus digitales. Les contours de notre appétit ont été pixellisés. Nos assiettes sont devenues ultra-soignées et visuellement appétissantes. Nous aspirons à la perfection ou, plus exactement, à l’illusion de la perfection.Deux tendances majeures émergent dans le domaine culinaire : le beau et le sain. Ces plats que l’on convoite en ligne sont soit éblouissants - un vernis recouvre la réalité tel le feuilletage raffiné d’un pâté en croûte - soit moralement irréprochable - des rondelles d’aubergine keto et un hamburger enveloppé dans une feuille de laitue. Je ne pense pas que l’une ou l’autre de ces options ait quoi que ce soit à voir avec la vraie faim, la vraie envie, le vrai délice. Il ne s’agit que d’une stimulation artificielle de la faim - une image. Une idée synthétique, suscitée davantage par la rétine que l’estomac. Aurions-nous été reconditionné·es à manger avec les yeux ? À rechercher le lisse ? À préférer l’immaculé ? Ce flot digital de préciosités a une aura menaçante, qui n’est pas sans rappeler l’apparente perfection des Femmes de Stepford. Mais tout n’est pas perdu.Pour moi, la bonne bouffe n’est pas forcément belle. Elle n’essaie pas de vous séduire par son apparence. La bonne bouffe, la vraie bouffe, ne brille pas pour briller. Elle n’a pas besoin d’être irréprochable pour vous mettre l’eau à la bouche. Elle peut être laide, brouillonne et bizarre et rester tout à fait fascinante. La vraie bouffe échappe au conformisme.
La vraie bouffe est réconfortante. Mais par-dessus tout, elle a du goût. Elle n’est ni filtrée, ni forcée. Elle a besoin de légèreté, d’un grain de folie, de défauts. Alors que beaucoup admirent un plat de pâtes parfaitement dressé, je préfère le doux réconfort d’un aliment qui a accepté ses défauts. Un morceau de chocolat oublié sur le coussin du canapé. Une tartine laissée un peu trop longtemps dans le grille-pain, qu’on recouvre d’un épais morceau de beurre. Des pêches zébrées. Des prunes marquées comme des pirates de haute mer. La tache sucrée d’une nectarine. Je préfère des yeux de pommes de terre qui vous regardent comme s’ils venaient de prendre du poppers. J’écraserais volontiers des bananes fatiguées dans une crêpe. Je n’ai rien contre les marques brunes d’une pomme qui a un peu vécu. Et en parlant de pomme, il m’arrive souvent de croquer dans une mini-quiche de supermarché comme si c’en était une. Mais cela en dit sans doute plus long sur mes défauts que sur ceux de cette brave quiche.
Bref, la bouffe est faite pour être mangée. Les formes et les goûts bizarres font partie de l’aventure. L’uniformité est synonyme de conformité, et nos palais méritent mieux.
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